Annoncé en octobre dernier, l’achat de Rivington par ESL & Network, filiale de l’ADIT, confirme la tendance du marché de l’IE à se consolider. Avec 6 acquisitions en 5 ans, l’ADIT donne des preuves de sa confiance dans l’avenir et se positionne parmi les acteurs majeurs du conseil stratégique et d’influence.
Après avoir notamment acquis le groupe Geos en 2018, afin de développer ses services de sécurité des affaires, suivi des rachats du cabinet ESL & Network en 2020 et de Stratinfo en 2021, pour s’étendre sur le marché des affaires publiques, le groupe ADIT continue de grossir. Avec 3 millions de chiffre d’affaires en 2021 et 25 collaborateurs, le cabinet Rivington dirigé par Laurent Lotteau apporte à l’acteur historique de l’IE en France une plus grande surface de compréhension de la décision publique. Le cabinet compte ainsi dans ses rangs plusieurs anciens élus et collaborateurs parlementaires. Cela permet également à ESL & Network de doubler ses effectifs afin d’appuyer sa position parmi les principaux cabinets d’accompagnement stratégique, d’affaires publiques et de diplomatie d’affaires. Le cabinet de Laurent Lotteau devrait aussi associer son portefeuille clients à celui d’ESL & Network, parmi lesquels on trouve Sanofi, Alstom, BASF, Danone, Eiffage… ou l’Adit.
Cette opération s’inscrit dans un double contexte: celui d’une entreprise s’apprêtant à finaliser l’acquisition de la société de diplomatie d’affaires EPEE, et d’autre part d’un secteur des affaires publiques entraîné dans une dynamique de rachat d’acteurs historiques (DGM Conseil par Avisa Partners en décembre 2022, Séance Publique par Stan début février), et notamment par des sociétés d’intelligence économique.
L’ADIT semble donc chercher à s’imposer comme l’un des acteurs clés des opérations d’influence et de communication stratégique de la place parisienne. À travers une croissance externe soutenue, rendue possible par le développement rapide du groupe avec notamment l’arrivée de nouveaux actionnaires, l’ADIT couvre désormais une part significative des services stratégiques à haute valeur ajoutée pour les entreprises. L’entreprise doit en effet faire face à la fois à une concurrence sérieuse dans le domaine de l’IE, avec, pour ne citer qu’eux, Amarante et Avisa Partners, mais également à la concurrence des grands cabinets américains pour le conseil stratégique.
En proposant l’ensemble des services liés à l’IE, Philippe Caduc a cherché à couvrir les besoins des grands groupes français, autant que ceux des PME et ETI, en construisant un catalogue d’offres complet, allant de l’éthique des affaires à l’ouverture de marchés internationaux. Il ne semble désormais ne manquer plus qu’un atout à l’ADIT pour changer de dimension : un déploiement plus prononcé au sein de nos voisins européens. C’est d’ailleurs ce qu’annonçait Philippe Caduc dans une interview en 2022, avec en ligne de mire l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et Bruxelles, mais aussi Dubaï et Singapour, les marchés moyen-orientaux et asiatiques connaissant les plus fortes croissances de besoins en IE.
Pour cela, le groupe peut choisir de faire ce qu’il a déjà pu accomplir auparavant, c’est-à-dire ouvrir une officine française de l’ADIT dans une capitale étrangère, comme ce fut le cas à Bagdad. Ou bien l’entreprise peut continuer sa stratégie de croissance externe et prendre des participations dans des cabinets locaux, afin d’avoir une plus grande finesse de compréhension des zones visées. Avec la superposition des crises de ces dernières années, les entreprises européennes sont plus que jamais à la recherche de solutions pour sécuriser leurs opérations. Avec son expertise, l’ADIT pourrait bien se positionner comme un outsider de poids en Europe face aux cabinets anglo-saxons.
Martin Everard
Pour aller plus loin:
- Le cabinet de lobbying parisien Rivington dans le viseur de l’ADIT
- Avisa Partners scelle l’acquisition de l’agence de communication DGM Conseil
- Le fonds d’investissement Sagard, futur actionnaire de référence de l’ADIT ?
- [CONVERSATION] (1/5) La jeune génération des cabinets d’influence parisiens – “L’intelligence économique est une discipline sous-estimée”