La convergence des intérêts économique contre la Chine, source de partenariat entre l’Inde et les Etats Unis

Bien qu’ambivalente dans ses rapports politiques avec la Chine et les États-Unis, la diplomatie indienne a pris un nouveau tournant avec la signature récente d’un accord de renseignement avec Washington le 27 octobre dernier. Un véritable acte de réajustement diplomatique au sein de l’alliance informelle du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad), qui vise à endiguer l’expansion chinoise dans la zone indo-pacifique.

Depuis octobre, les États-Unis et l’Inde ont signé un nouvel accord de défense : le Basic Exchange and Cooperation Agreement (BECA). Il autorise l’Inde à disposer de renseignements via le partage des données satellitaires américaines permettant d'accroître l’efficacité d'éventuelles frappes indiennes. Réclamé par New Delhi, l'approfondissement de la coopération avec Washington en matière de sécurité s’explique par les affrontements avec la Chine ayant eu lieu dans la vallée de Galwan durant la nuit du 15 au 16 juin 2020 mais également par l’activisme militaire chinois.

Les tensions entre la Chine et l’Inde se matérialisent le long de la frontière désignée sous le nom de Line of actual Control (LAC), héritage de la guerre sino-indienne de 1962. La LAC se caractérise par son imprécision, créant de nombreuses tensions qui jusqu’à cet été n’avait officiellement entraîné aucun mort depuis 1975. Cependant la Chine revendique certaines possessions indiennes stratégiques afin d’assurer la sécurité de la route de la soie passant par le Pakistan.

Consciente de la grandissante rivalité économique et de la volonté de contrôle de la Chine, l'Inde a ainsi fait un pas de plus vers le bloc occidental. Déjà en février 2020 le président américain évoquait la possibilité d’un « partenariat stratégique global complet ». Auparavant, les deux pays s’étaient déjà fortement rapprochés avec, dès 2002 , la signature du General Security of Military Information Agreement puis le Logistics Exchange Memorandum of Agreement, signé en 2016 . Le COMCASA, Communication Interoperability and Security Memorandum of Agreement, signé en 2018 complétant l’arsenal technologique permettant à l’Inde de sécuriser ses données.

Bien que celle-ci n’affiche pas encore officiellement ses positions sur la question chinoise, les indices économiques démontrent son changement de paradigme. En 2020, l’Inde a acheté pour 3 milliards de dollars d’hélicoptères Apache et Seahawk. Symbole de ce partenariat fondé sur des motifs économiques, la balance commerciale de l’Inde positive de 26,7 milliards de dollars avec les États-Unis en 2019. À titre de comparaison, ce rapport économique est moins profitable avec son voisin chinois dont la balance est négative de 56 milliards de dollars.

Les intérêts économiques indiens vont à l’encontre de la résurgence de la nouvelle route de la soie, l'Inde se trouvant dans une enclave entre le Pakistan et la Chiner. Par ses mauvaises relations avec le Pakistan, du fait de ses revendications sur la région du Cachemire et des financements chinois dans les zones portuaires pakistanaises. L’inde ne peut défendre sa souveraineté économique autrement qu’en ouvrant le dialogue avec les Etats-Unis.

 

Pierre Coste

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