FOCAC 2021 : une coopération sino-africaine à sens unique ?

Du 29 au 30 novembre Dakar accueille le forum de la coopération sino-africaine (FOCAC). Comme le souligne le ministère des Affaires étrangères chinois : « l’Afrique ne devrait pas être une arène de compétition entre les grands pays, mais une large plateforme de coopération internationale ». Une déclaration pour le moins paradoxale alors que, depuis les années 80, la Chine s’impose massivement sur le sol africain.

Depuis sa création en 2000, le Forum pour la coopération sino-africaine (FOCAC) s’est réuni à sept reprises dont quatre à Pékin, avec pour objectif le renforcement des investissements chinois pour moderniser les pays africains. Cette édition 2021, axée sur les problématiques sanitaires et agricoles, marque une avancée importante de la Chine sur ces sujets. Elle illustre la dépendance que cette dernière a créée vis-à-vis des pays africains en particulier sur le plan sanitaire avec la pandémie par l’envoi d’équipes et le financement d’infrastructures, à l’image du Centre africain de contrôle et de surveillance des maladies en Ethiopie à hauteur de 80 millions de dollars.

Si le FOCAC a pour programme officiel l’approfondissement du partenariat sino-africain, il ne reste pas moins un jeu stratégique et quasiment unilatéral de l’empire chinois. Effectivement, il n’y a qu’un gagnant dans cette relation dite « amicale » dont la lecture démontre la balance commerciale entre le continent africain et le géant asiatique, avec en 2019 l’explosion du déficit africain de 5,6 à 17,7 Mds de dollars par rapport à l’année précédente. En se servant du soft power tout comme de stratégies diplomatiques, militaires, informationnelles ou économiques, la Chine mène un combat : celui de la conquête du territoire africain. Début 2021, Pékin a noué des partenariats stratégiques dans les secteurs sanitaire et militaire avec cinq pays africains, avec notamment la formation massive d’officiers africains dans les académies militaires chinoises. La Chine procède à un encerclement cognitif de l’Afrique en prenant le contrôle des structures éducatives et de recherche comme le montre le nouveau centre africain de contrôle des maladies.

La coopération sino-africaine est aussi le moyen pour la Chine de pallier ses limites : la Chine souffre d’insuffisance sur le plan alimentaire. Cela la pousse à un véritable pillage des ressources du sol africain comme l’illustre la pratique du land grabbing. Les enjeux alimentaires sont l’une des raisons de cette nouvelle forme insidieuse de colonisation.

Les jours à venir verront tomber les conclusions de ce Forum. Néanmoins, l’optimisme chinois ne constitue pas un indice rassurant pour le devenir des pays africains engagés dans cette coopération. Le plan des nouvelles Routes de la Soie devrait permettre, conjugué à la politique intrusive portée par le FOCAC, la matérialisation de cette toile cognitive, technologique et financière que la Chine est en train de tisser autour de l’Afrique.

 

Marie Breymand

 

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