L’inflation revient au cœur des préoccupations des investisseurs. En effet, alors que le thème a plus ou moins disparu du débat public depuis plusieurs années, la crise de la Covid-19 pourrait être le signe d’une révolution, au sens premier du terme. Après des années d’inflation maîtrisée sur les biens de consommation, certains indicateurs commencent à inquiéter sérieusement les investisseurs qui, dans le sillage des valeurs technologiques américaines, reculent de plus en plus.
Dans le langage commun, une révolution consiste en un changement brusque et très important dans un secteur ou une société. Cependant, au sens premier du terme, cela signifie plutôt le retour au point de départ (révolution du latin revolutio, de revolvere, ramener en arrière), en l'occurrence aux années 70. C’est bien ce qui pourrait être en train de se passer : le coût des matières premières est en train de s’envoler depuis quelques mois vers des niveaux inquiétants, ce qui devrait in fine se répercuter sur les prix.
Pour le moment, ce sont les places boursières qui en font les frais. L'envol du coût des matières premières entraîne dans son sillage un recul des valeurs technologiques américaines, elles même entraînant les indices européens. A la mi-séance du mardi 11 mai, le CAC 40 était en recul de 2% à l’instar de l’indice allemand le DAX.
Si selon les Échos, la Banque centrale américaine (Fed) devrait se montrer aussi tolérante que la Banque Centrale Européenne concernant sa cible d’inflation, les investisseurs semblent redouter qu’elle ne soit pas aussi “libérale”. En effet, traditionnellement le mandat de la Fed consiste d’abord à garantir la stabilité des prix. En outre, la doctrine libérale au sens politique du terme (c’est à dire la protection contre les interventions de l’État) pourrait favoriser un resserrement de la politique de la Fed. Cependant, cela paraît peu probable étant donné la couleur politique de la nouvelle administration Biden. La situation est plutôt cocasse puisque les investisseurs pourraient être rassurés par l’intervention d’une administration démocrate. Une réponse attendue le mercredi 12 mai.
Pierre-Guive Yazdani
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