Les sanctions contre le gaz russe émises par l’Europe confèrent à Vladimir Poutine un argument de poids contre l’Europe et l’Occident de manière générale : le gaz naturel russe. Celui-ci représentant 40 % de la consommation des industries en France et 28 % pour le secteur tertiaire. Les risques de cette dépendance engendrent une remise en question des fournisseurs.
Le gaz naturel se plaçant en 1ère position de la consommation de l’industrie française avec 40% en termes de consommation énergétique finale, cette ressource est jugée vitale. La nécessité stratégique pour le fonctionnement de nos industries inclut une réalité variable portant atteinte directement aux principes économiques de nos structures. La guerre en Ukraine et les sanctions émises par l’Occident font du gaz naturel russe un levier économique pour les intérêts russes. Le risque le plus élevé est une cessation soudaine d’approvisionnement. La dépendance des industries françaises au gaz naturel complique la situation pour le secteur privé, mais des mesures restrictives visant le pétrole russe et la fin d’une dépendance à ce gaz d’ici 2025 témoignent d’une prise en compte effective de ces risques.
L’énergie occupe une place centrale dans l’évaluation des risques et dans l’analyse de notre dépendance énergétique: pouvons-nous répondre à notre consommation et production (tant industrielle que ménagère) tout en conservant nos modes d’approvisionnement ?
La dépendance à un état reconnu comme imprévisible et risqué représente un argument de taille et présentent des risques potentiels : sanctions, acte de sabotage, délais non respectés, problème de conversion de monnaie, etc. L’escalade des événements pourrait paralyser des secteurs entiers (industrie papetière, pharmaceutique ou encore automobile). La réponse à ces risques, à des fins de préservation de notre industrie, est la recherche de nouveaux fournisseurs.
Alors que l’Iran se place en bonne position pour répondre à l’appel d’offre émis par la France, Joe Biden se montre plus conciliante à renégocier les accords de Vienne, ouvrant la possibilité de conclure de nouveaux accords. À noter que l’administration Trump s’était retirée des accords de Vienne et avait renforcé les sanctions envers l’Iran à leur maximum, décision fortement critiquée par les signataires. L’option iranienne, dans un contexte de retour des négociations incluant les USA, représente une carte à jouer pour la France afin de remplacer le gaz naturel russe par le gaz naturel iranien. L’analyse de cette possibilité exclut le risque du conflit en Ukraine mais inclut de nouveaux paramètres due à l’instabilité de la zone géographique.
Une autre option est envisageable: l’Algérie. Ayant récemment prévu d’investir 40 milliards de dollars dans l’exploration, la production et le raffinage du gaz entre 2022 et 2026, ce pays d’Afrique du Nord se voit cependant contraint de faire valoir ses propres intérêts et donc de ne pas consacrer de parts suffisantes de cette production à destination de l’export. L’Italie, l’Espagne et le Portugal se fournissent déjà auprès de l’Algérie pour le gaz naturel. Cette option ne serait pas immédiate, mais conférerait à l’Algérie une position stratégique dans l'exportation de gaz naturel.
Le Qatar se place aussi comme une option tangible, néanmoins, les accords avec les partenaires déjà existants ne permettront d’allouer à l’Europe que 10 à 15% de leur exportation en gaz naturel. Cette part non négligeable ne pourra répondre à notre consommation et ne constitue donc pas un fournisseur fiable en termes de volume.
De ces facteurs découlent des alternatives, mais qui sont assujetties à d’autres risques. Sur les plans énergétiques définis sur une décennie, l’Iran et l’Algérie sont les deux fournisseurs les plus sérieux pour répondre à notre recherche. Cependant, il convient de noter que le gaz algérien n’est pas disponible immédiatement: il est en phase d’investissement et d’étude. Il n’est alors pas fiable et semble peu opportun de tout miser sur une énergie non exploitée. D’autant plus que la France ne peut pas être sûre d’obtenir un contrat d’importation.
Le Club Risques de l’AEGE
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