Suspension de Nord Stream 2 : bras de fer ou effet d’annonce ?

Le chancelier allemand Olaf Scholz vient d’annoncer ce mardi matin la suspension de la mise en service du gazoduc sous-marin Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne. Une décision difficile au vu de l’investissement allemand, mais qui redessine un équilibre géopolitique au profit de l’OTAN et de l’influence américaine.

Nord Stream 2 ne peut pas être mis en service” a déclaré le chancelier allemand, tout en annonçant la poursuite de négociations avec le Kremlin. Cette annonce fait suite aux déclarations du président ukrainien Volodymyr Zelensky qui exigeait l’arrêt immédiat du projet parmi d’autres sanctions de nature à affaiblir économiquement la Russie et la contraindre à résipiscence.

On peut estimer que cette décision relève essentiellement du coup d’éclat,  en considérant la lourde dépendance énergétique de l’Allemagne envers la Russie. Comme l’a souligné le chancelier allemand, l’objectif est de négocier pour éviter une situation de non-retour, une posture moins frontale que celle affichée par Washington. Joe Biden, le 7 février, avait assuré un arrêt définitif du projet en cas d’invasion assorti de sanctions financières conséquentes.

La dégradation rapide de la situation internationale laisse peu de visibilité sur l’avenir du gazoduc. Il semble peu probable qu’il vienne à disparaître, l’Allemagne n’ayant pas pour l’heure les moyens de s’affranchir de cette dépendance, alors que les cours du gaz et du pétrole viennent d’exploser avec l’annonce de l’invasion russe. Cette fermeté allemande reflète surtout un resserrement des rangs au sein de l’OTAN, dont la crédibilité n’a jamais paru aussi fragile en interne.

 

Antoine Cornu

 

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