Joe Biden, futur maître des échiquiers verts ?

Après l’imagerie de première démocratie développée par Brzeziński sous la présidence de Carter, la sauvegarde de l’hyperpuissance américaine semble actuellement être liée à son plan climat. Son axe, la transition verte, pour une arborescence bien plus large que la question du soft power, entre enjeux économiques et protection de la domination technologique, la couleur verte est le nouvel Eldorado pour les Etats-Unis.

Dans leur stratégie de reconquête, les Etats-Unis ont annoncé l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de moitié pour 2030. Le président américain vise à adopter un engagement moral pour retrouver une forme d’exemplarité nécessaire à la puissance de l’exercice diplomatique et d’influence. Celui qui prévient du danger du « coût de l’inaction » a exhorté le reste du monde à suivre le comportement américain au nom d’un « impératif moral et économique ».

Malgré cela, dans un désir d’effacer les séquelles diplomatiques de son prédécesseur, Joe Biden a dû tout autant répondre au scepticisme des industriels américains par la voix de son envoyé spécial John Kerry pour rassurer sur les contraintes liées au « marché le plus grand au monde ». Le président américain a annoncé qu’il n'inclurait aucune taxe punitive sur l’énergie et le carbone tout en soutenant le marché via son plan d’investissement à 2000 milliards de dollars. Mais derrière ce cadeau se cache une demande de participation fiscale accrue des entreprises par l’augmentation de l’impôt sur les sociétés de 21% à 28%. Une résolution qui n’est par ailleurs toujours pas adoptée et qui rétablit un rapport de force entre républicain et démocrate, à l’heure où, les entreprises américaines se souviennent des nombreux cadeaux fiscaux de l’ancien président américain.

Dans les chiffres, le plan de conquête américain mise notamment sur un important développement de l’innovation de la filière des véhicules électriques avec une enveloppe de 176 milliards de dollars pour “décarboner” l’industrie automobile qui va dans le sens des Etats membres de l’Union Européenne prônant la fin des moteurs à combustion. Également la Maison Blanche va investir 100 milliards de dollars pour rendre le réseau énergétique plus résistant aux événements climatiques extrêmes et augmenter de 50 milliards de dollars le budget alloué à la recherche consacrée aux énergies renouvelables.

Si la décarbonation semble être une nécessité face à des impératifs mondiaux, l’habillage américain prend avant tout la forme d’un arsenal pour rétablir le soft power et l’activité de production américaine, rappelant que le marché de l’énergie est un secteur primordial de la guerre économique. Car comme le souligne Jean Marc Jancovici, la prise de position de John Kerry et des Etats-Unis ne diffèrent pas tant de la position de Donald Trump. En regardant de plus près, il semble vraisemblablement y avoir plus de points de concordances que de différences dans la vision des deux grands partis américains.

 

                                                                                                                           Pierre Coste

 

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