Le scandale Wirecard continue de secouer l’industrie financière, avec EY Allemagne en première ligne. Les conséquences pour le géant de l’audit soulignent l’importance de l’intelligence économique pour prévenir et détecter les fraudes financières.
La filiale allemande du géant de l'audit EY subit les conséquences du scandale Wirecard, qui a ébranlé le secteur financier en 2020. L'Apas, autorité allemande de surveillance de l'audit, a infligé à EY une suspension de deux ans pour les « missions d'audit d'entreprises d'intérêt public » et « une amende de 500 000 euros ». Cinq auditeurs impliqués ont également reçu des amendes allant de 23 000 à 300 000 euros. Suite à ces révélations, plusieurs clients de renom, tels que Commerzbank et Deutsche Telekom, ont mis fin à leur collaboration avec EY.
Le scandale Wirecard met en exergue l'importance cruciale de l'intelligence économique pour les entreprises cherchant à évaluer les risques associés à leurs partenaires commerciaux. Les enquêtes approfondies menées par le journaliste Dan McCrum ont mis au jour les irrégularités dans les comptes de Wirecard et les acquisitions suspectes en Asie.
Les actionnaires lésés de Wirecard tentent actuellement d'engager une procédure d'action de groupe contre EY, similaire à une “class action” aux États-Unis, mais sans succès jusqu'à présent. Par ailleurs, en janvier 2023, Commerzbank a entamé des poursuites contre EY pour les 200 millions d'euros de pertes subies lors de la débâcle de Wirecard. Ces actions en justice illustrent l'importance d'un contrôle rigoureux des cabinets d'audit et la responsabilité qui leur incombe dans la prévention des fraudes financières. EY, quant à lui, affirme avoir changé en profondeur, avec une nouvelle équipe de direction et des structures de supervision renforcées. Reste à voir si ces mesures suffiront à restaurer la confiance des clients et du grand public.
Ce scandale retentissant est un rappel essentiel de l'importance du développement d’une culture d’intelligence économique dans le secteur de l’audit et de la conformité. Premièrement, il met en exergue l'impératif d'une vigilance renforcée vis-à-vis des entreprises, spécifiquement dans le domaine de la fintech, où la complexité et l'ingéniosité peuvent parfois favoriser la dissimulation de malversations. Deuxièmement, il sert de rappel solennel aux acteurs du marché, les investisseurs, les régulateurs et les auditeurs, de l'importance cruciale d'actualiser continuellement leurs savoirs et expertises afin de détecter et anticiper les anomalies financières. Enfin, ce scandale met en lumière l'urgence d'optimiser la coopération entre les diverses parties prenantes en échangeant les informations et en renforçant les mécanismes de contrôle internes et externes.
Arnaud Bossy Casteret pour le club droit de l’AEGE
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