Le 25 novembre dernier, la Federal Communications Commission décrétait le bannissement des équipementiers chinois en matière de télécommunications du marché étatsunien au titre de la sécurité nationale. Huawei a décidé de riposter en s’attaquant à l’Uruguay, dans le pré carré de Washington.
Depuis un certain temps déjà, l’Uruguay affirmait son intention d’ouvrir le continent au monde pour assurer son développement par d’autres interlocuteurs que les États-Unis. En mars 2021, l’annonce de Luis Lacalle Pou, Président de l’Uruguay, sur sa volonté de conclure un accord de libre-échange avec la Chine avait provoqué l’exaspération de ses partenaires sud-américains.
L’union commerciale sud-américaine avait en effet souhaité que les négociations se déroulent dans le cadre de l’union Mercosur, au grand dam de la Chine. Cette dernière est adepte des négociations bilatérales, une « préférence » qui lui permet de se positionner de fait dans un rapport de force favorable pour imposer ses conditions.
Fin juillet 2022, le ministre des Affaires étrangères chinois, Cai Wei, avait d’ailleurs lourdement insisté pour que Huawei devienne un partenaire majeur technologique de l’Uruguay. Selon IntelligenceOnline, le Parti communiste chinois (PCC) serait prêt à rompre l’accord si Huawei n'obtient pas des garanties suffisantes sur le futur marché, notamment en ce qui concerne la 5G.
La Chine est par ailleurs bien ancrée sur le territoire uruguayen car elle finance, via le PCC, trois programmes de formations de leaders politiques, de journalistes et d’universitaires. En outre, Huawei subventionne également un programme uruguayen lié aux nouvelles technologies. Cette immixtion constitue un véritable pas vers la guerre des normes. En effet, par ce biais, le géant technologique chinois est en capacité d’imposer des normes auxquelles seule elle-même pourra répondre, et ainsi assurer sa prédominance sur les marchés.
Ce renversement du statu quo sur le continent américain constitue une nouvelle bataille dans la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine. Les modalités de négociations bilatérales chinoises sont intelligemment agencées de telle sorte que les pays partenaires, du fait de leur dépendance, intègrent la nouvelle Global Strategy Initiative de Xi Jinping.
Benoît Lacoux
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