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Dans un contexte de crise sanitaire, BpiFrance finalise le premier tour de table du fonds ‘’Lac d’Argent’’

Acteur public prépondérant du développement des entreprises françaises, Bpifrance vient d’officialiser la clôture de la première tranche de financement du fonds d’investissement Lac d’Argent (ou Lac 1) destiné à stabiliser le capital d’entreprises cotées en bourse. L’un des multiples bras financiers de l’Etat répond ainsi aux velléités de captation étrangère d es fleurons nationaux et d’affaiblissement de la souveraineté économique tricolore, en dépit de la présence d’un fonds souverain étranger au tour de table de Lac d’Argent.

Dévoilé le 30 janvier dernier, ce nouveau fonds d’investissement vient de terminer sa première levée de fonds ce 26 mai pour un montant de 4,2 milliards d’euros, dont 1 milliard en dette. Les 3,2 milliards restants se répartissent entre le fonds souverain émirati Mubadala, déjà annoncé comme contributeur à hauteur d’un milliard d’euros, Bpifrance au même niveau, et des acteurs issus du secteur bancaire et des assurances (Axa, CNP Assurances, Covea, Scor, Crédit Agricole Assurances, BNP Paribas Cardif, Société Générale Assurances, Caisse des Dépôts, Natixis, AG2R…) comme de grands groupes plus industriels ou de leurs gestionnaires de fortunes (Orange, groupe Unibel, La Financière Dassault).

Deux dossiers sont à l’étude et un deuxième tour de table est prévu pour atteindre l’objectif initial des 10 milliards. D’ici-là, en tant qu’actionnaire à long terme adepte de la notion de capital patient, Bpifrance compte investir des tickets d’environ 500 millions d’euros et monter à 5% du capital (au maximum) d’entreprises soumises à une forte spéculation des investisseurs, et notamment des fonds activistes et des short-sellers, sans sacrifier ses exigences de rentabilité.

L’opérationnalisation imminente du fonds Lac 1 trouve tout son sens en cette période de crise sanitaire, doublée d’un choc économique exploité par plusieurs fonds souverains asiatiques pour se projeter ou prendre des participations dans des entreprises en profitant de leur dévalorisation boursière, à l’instar du saoudien Public Investment Fund dans Total. C’est d’ailleurs dans ce contexte que le contrôle des investissements étrangers a été provisoirement abaissé de 25 à 10% du seuil de participation et étendu au secteur des biotechnologies.

Néanmoins, ces investissements étrangers dans la structure financière des fleurons nationaux, susceptibles d’entraver leur liberté d’action, révèlent la faible capacité de financement publique et privée nationale et demandent à être préalablement analysés pour vérifier et valider (ou non) la compatibilité et la viabilité des intérêts mutuels.

Louis-Marie Heuzé