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Devant la reprise de la construction de Nord Stream 2, Washington menace l’Europe de nouvelles sanctions

Dans le cadre du projet de pipeline Nord Stream 2 Washington enjoint aux parties prenantes de cesser la construction sous peine de nouvelles sanctions. Initialement prévu pour fin 2020, le pipeline qui reliera la Russie et l’Allemagne en passant par la mer Baltique ne devrait voir le jour qu’en 2021. Le soft power américain, toutes administrations confondues, s’inquiète de perdre des débouchés pour son industrie gazière et s’active pour empêcher la finalisation de ce gazoduc.

Le chiffre d'affaires de l’industrie gazière américaine en Europe est au cœur des inquiétudes de Washington depuis l'annonce du projet Nord Stream 2. Déjà menacées par le Green Deal européen qui cible les industries polluantes, les exportations de gaz de schiste américain risquent encore de diminuer lorsque le pipeline Nord Stream 2 sera terminé ; le gaz russe étant en général meilleur marché que le gaz américain. Or, avec des capacités de livraison qui seront doublées de 55 milliards de m3 par an par le pipeline pour atteindre les 110 milliards de m3, le gaz russe devrait inonder le marché européen au détriment de son concurrent américain déjà en mauvaise posture.

Dans cette optique Washington voit d’un très mauvais œil la reprise de la construction de Nord Stream 2 en cette fin d’année 2020. En effet, le pipeline est quasiment terminé, le tronçon final devrait débuter le 15 janvier dans la Zone Économique Exclusive du Danemark . Les États-Unis ont donc logiquement réagi en  annonçant leur volonté de mettre un coup d'arrêt définitif à Nord Stream 2. Selon Reuters, des diplomates américains ont confirmé que le changement d’administration ne devrait pas éteindre la volonté de Washington de mettre fin à ce projet. En outre, la campagne de pression est soutenue à la fois par les représentants et sénateurs démocrates et républicains réunis en “union sacrée”. Washington viserait 120 entreprises et 12 pays européens.

Les pressions américaines ont déjà poussé l’assureur norvégien DNV GL à se retirer du projet et ont engendré un surcoût de 1 milliard de dollars. Dos au mur, le soft power américain pourrait se radicaliser afin de bloquer le projet qui menace directement ses débouchés stratégiques mais également son pouvoir d’influence en Europe face à Moscou.

 

Pierre-Guive Yazdani

 

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