90%: c’est la part du transport maritime dans le transport mondial de marchandise. Il représente également 3% des émissions mondiales de CO2 et environ 14% des émissions mondiales de soufre, issu du fioul lourd, carburant le plus utilisé aujourd’hui. Alors que le LNG offre une réduction de 20% des émissions de CO2 par rapport au pétrole et qu’il n’émet pas de souffre (mais du méthane), il ne représente aujourd’hui que 45% des échanges mondiaux de gaz; sa liquidité le rend pourtant facilement transportable et en fait un carburant prometteur.
Si ce mode de carburant devrait représenter 20% du marché d’ici 2035, seuls 150 navires (pétroliers, paquebots ou porte-conteneurs) fonctionnaient au LNG en 2018. CMA-CGM, un des leaders mondiaux du transport maritime, avait annoncé en 2018 avoir passé commande pour construire 9 nouveaux porte-conteneurs, tous propulsés au LNG. Le navire baptisée « Jacques Saadé », en honneur du fondateur de l’entreprise, a été livré à l’entreprise en septembre 2020. Réalisé sur un chantier naval chinois il est le fruit d’une coopération entre 3 grandes entreprises françaises : TOTAL, GTT et CMA-CGM.
TOTAL, aujourd’hui deuxième producteur mondial de LNG, a fait de cette ressource une des priorités de son développement. L’entreprise assure le ravitaillement en gaz liquéfié du porte-conteneurs, comme cela a pu être démontré en novembre 2020, lors de la plus grande opération de ravitaillement de ce type jamais réalisée.
GTT, filiale d’ENGIE, est le leader mondial (incontesté) de l’ingénierie dédiée à la conception de cuve de stockage de gaz. Cependant, dans le cadre de son programme de cession d'actifs, ENGIE a fait part de son souhait de se désengager de GTT. Première ETI française en nombre de brevets déposés en 2019, l’entreprise est capitalisée à hauteur de 2,8 milliards d’euros, alors qu’elle réalise environ 300 millions d’euros de chiffres d’affaires par an, signe de sa performance. A la pointe de l’innovation dans le LNG, elle souhaite aussi devenir un acteur majeur de l’hydrogène dans les années à venir.
En s’alliant à deux autres entreprises françaises, CMA-CGM a montré qu’une coopération technique et commerciale pouvait être envisagée sur des sujets à la pointe de l’innovation, en France. La vente de GTT serait plus que préjudiciable pour la filière gaz en France, alors même que cette ressource est vouée à jouer un rôle majeur dans la transition énergétique; l’occasion de relancer les chantiers de l’Atlantique avant que le transfert de technologie en Chine ne soit définitif?
Pierre Gonsolin
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