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L’escale du « Jacques Saadé », coup de projecteur pour l’innovation navale française

Le port du Havre a accueilli le 22 janvier le plus gros porte-container au monde propulsé au gaz naturel liquéfié (LNG). Cette petite révolution marque un tournant dans le transport maritime mondial, aujourd’hui source d’une pollution importante. Cette révolution est d’autant plus importante qu’elle est le fruit d’une étroite collaboration entre trois entreprises françaises majeures : (Gaztransport & Technigaz SA) GTT, TOTAL et l’armateur français CMA CGM.

90%: c’est la part du transport maritime dans le transport mondial de marchandise. Il représente également 3%  des émissions mondiales de CO2 et environ 14% des émissions mondiales de soufre, issu du fioul lourd, carburant le plus utilisé aujourd’hui. Alors que le LNG offre une réduction de 20% des émissions de CO2 par rapport au pétrole et qu’il n’émet pas de souffre (mais du méthane), il ne représente aujourd’hui que 45% des échanges mondiaux de gaz; sa liquidité le rend pourtant facilement transportable et en fait un carburant prometteur.

Si ce mode de carburant devrait représenter 20% du marché d’ici 2035, seuls 150 navires (pétroliers, paquebots ou porte-conteneurs) fonctionnaient au LNG en 2018. CMA-CGM, un des leaders mondiaux du transport maritime, avait annoncé en 2018 avoir passé commande pour construire 9 nouveaux porte-conteneurs, tous propulsés au LNG. Le navire baptisée « Jacques Saadé », en honneur du fondateur de l’entreprise, a été livré à l’entreprise en septembre 2020. Réalisé sur un chantier naval chinois il est le fruit d’une coopération entre 3 grandes entreprises françaises : TOTAL, GTT et CMA-CGM.

TOTAL, aujourd’hui deuxième producteur mondial de LNG, a fait de cette ressource une des priorités de son développement. L’entreprise assure le ravitaillement en gaz liquéfié du porte-conteneurs, comme cela a pu être démontré  en novembre 2020, lors de la plus grande opération de ravitaillement de ce type jamais réalisée.

GTT, filiale d’ENGIE, est le leader mondial (incontesté) de l’ingénierie dédiée à la conception de cuve de stockage de gaz. Cependant, dans le cadre de son programme de cession d'actifs, ENGIE a fait part de son souhait de se désengager de GTT. Première ETI française en nombre de brevets déposés en 2019, l’entreprise est capitalisée à hauteur de 2,8 milliards d’euros, alors qu’elle réalise environ 300 millions d’euros de chiffres d’affaires par an, signe de sa performance. A la pointe de l’innovation dans le LNG, elle souhaite aussi devenir un acteur majeur de l’hydrogène dans les années à venir. 

En s’alliant à deux autres entreprises françaises, CMA-CGM a montré qu’une coopération technique et commerciale pouvait être envisagée sur des sujets à la pointe de l’innovation, en France. La vente de GTT serait plus que préjudiciable pour la filière gaz en France, alors même que cette ressource est vouée à jouer un rôle majeur dans la transition énergétique; l’occasion de relancer les chantiers de l’Atlantique avant que le transfert de technologie en Chine ne soit définitif?   

 

Pierre Gonsolin

 

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