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Le géant du numérique chinois Alibaba à la conquête de l’économie maritime

Cainiao, une des filiales du géant chinois Alibaba, lance en janvier 2021 un service de réservation de conteneurs. À la suite de la mise au pas du dirigeant d’Alibaba Jack Ma, ce lancement est un signe de la volonté du Parti communiste chinois de contrôler totalement la transition économique du pays.

Cainiao, entreprise de logistique (officiellement China Smart Logistics Network) fut lancée en 2013 par le groupe Alibaba avec pour objectif d’assurer un service de livraison efficace en Chine et dans le monde. Le 14 janvier 2021, Cainiao lance un service de réservation de conteneur couvrant 200 ports dans 50 pays. Arguments massue pour ce projet, les prix pour les expéditions transfrontalières de port à port seraient 30 à 40 % inférieurs au taux moyen du marché, et un accompagnement logistique complet du point a au point z est prévu. En cas de retard ou de perturbation, le groupe a aussi affirmé qu’un système de compensation serait mis en place. Un service qui fait suite à l’accroissement du trafic maritime dans la deuxième partie de 2020, causant une pénurie de conteneurs et donc une hausse importante des prix.

Le confinement généralisé en 2020 a favorisé l’e-commerce, ce qui a boosté les ventes d’Alibaba. Une demande en hausse pour des produits fabriqués principalement en Chine, ayant mis à rude épreuve les opérateurs logistiques du monde entier. Un chaos logistique qui pousse de plus en plus d’acteurs portuaires à favoriser la numérisation de certaines de leurs activités. C’est dans cette optique qu’Alibaba s’est associé en juillet dernier au géant du transport maritime chinois Cosco, ainsi qu’à China Merchants Port, l’un des principaux opérateurs portuaires de l’Empire du Milieu. Alibaba s’inscrit ainsi dans les pas de son rival américain Amazon pour l’expansion de leurs activités dans le domaine maritime. 

La récente disparition et réapparition du dirigeant d’Alibaba, Jack Ma, ou encore l’arrêt de l’introduction en bourse d’Ant Financial sont des éléments qui permettent de comprendre l’omniprésence du Parti communiste chinois dans le destin de cette entreprise. Selon l’ancienne chercheuse de l’IFRI, Alice Ekman, la Chine s’efforce aujourd’hui de passer d’une économie basée sur l’exportation et l’investissement à un modèle construit sur la consommation intérieure et l’innovation. La Chine possède d’incroyables capacités de production, mais même avec la volonté des dirigeants de privilégier la consommation intérieure, le pays garde comme cap de vendre ses surplus de production au reste du monde. C’est dans ce cadre que se place la Belt and Road Initiative, l’Accord de partenariat régional économique global et les coopérations entre Alibaba et certains géants chinois du maritime.

Que ce soit par voie maritime ou terrestre, la Chine veut maîtriser les éléments logistiques propices à ses exportations et donc à son développement économique. Dans la même veine, il est légitime de s’interroger sur les risques de dépendance occasionnés par l’expansion du processus de numérisation des ports pour les pays concernés, notamment si ce sont des acteurs comme Alibaba qui sont à la manœuvre.

 

Paco Martin

 

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