Moins d’un mois après le Comité interministériel de la mer (CIMer), la France est confortée dans ses ambitions maritimes avec l’accroissement de son espace sous-marin: élément intéressant par les potentialités économiques et géopolitiques qu’elle offre à l’hexagone dans l’océan indien.
Le 10 juin 2020, la Commission des limites du plateau continental (CLPC), une instance de l’ONU, annonçait l’extension de 151 323 km² du plateau continental français. Un accroissement devenu réel avec la publication de deux décrets le 19 et 25 janvier 2021, ce succès est en partie dû au programme français d’extension du plateau continental, Extraplac. Ainsi les zones d’influences de la Réunion étaient étendues de 58 121 km² et de 93 202 km² pour les îles de Saint-Paul et Amsterdam. L’espace maritime national bénéficie dorénavant d’une zone supplémentaire représentant un quart de l’hexagone portant l’espace maritime à 10 760 500 km². En outre, la France possède encore les moyens de revendiquer 500 000 km² de plateau continental pour le sud-est de la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, l’archipel de Crozet, de Wallis et Futuna et de Saint-Pierre-et-Miquelon.
L’Hexagone possède la 2ème Zone économique exclusive mondiale (ZEE), un atout dont elle semble avoir du mal à tirer bénéfice malgré la mise en place d’une stratégie nationale de 2015 relatives aux grands fonds marins. Le CIMer du 22 janvier 2021 au Havre a cependant renouvelé la volonté de l’exécutif français de continuer l’exploration, l’exploitation et la protection des grands fonds marins. 5 priorités ont ainsi été définies : intensifier l’exploration, redoubler d’efforts dans la protection des grands fonds marins, valoriser la coopération européenne, accroître les interactions et partenariats avec les collectivités d’outre-mer, ainsi qu’avec des acteurs européens et internationaux, et enfin, sensibiliser les populations sur le potentiel de développement.
Par ailleurs, l’outre-mer représente 97% de l’espace maritime national qui est majoritairement situé dans les océans indien et pacifique. Ces positions donnent à la France l’opportunité de pouvoir accéder à de nombreuses richesses halieutiques et minérales qui pourraient s’avérer riches en découvertes pour la recherche scientifique et l’industrie minière. Et enfin, la présence française dans ces deux océans lui offre une place de choix pour prendre part à la géopolitique mondiale afin de défendre au mieux ses intérêts.
Lors du CIMer, il a été promis la présentation future d’une nouvelle stratégie nationale relative aux fonds marins. Elle aura fort à faire pour répondre aux nombreux défis, notamment ceux posés par les ambitions chinoises. Nathalie Guilbert du journal Le Monde dans un article du 23 janvier, montre comment la Chine cartographie le fond de l’océan Indien. Le développement de la ZEE est l’un des défis majeurs des années à venir, un atout qui est menacé aujourd’hui par les velléités chinoises sur les ressources minérales. Le cas de la Nouvelle Calédonie étant l’exemple type: les événements récents liés au coup de force du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) laissent à penser que le pouvoir politique français devra se montrer vigilant afin d’éviter toute ingérence étrangère lors du troisième référendum de 2022 sur l’indépendance de l’île, au risque de perdre l’un des joyaux de son espace maritime.
Paco Martin
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