Le projet lancé par le dirigeant chinois Xi Jinping en 2013, Road and Belt Initiative, a pour ambition de relier « l’atelier du monde » à l’Europe. La récente prolongation des «nouvelles routes de la soie » jusqu’au nord de la France symbolise le rôle grandissant du port allemand de Duisbourg en tant que carrefour européen et “terminus” eurasiatique.
Le 2 février 2021, l’entreprise allemande Contargo a réceptionné pour la première fois sur son terminal fluvial français de Valenciennes une barge comptant une quarantaine de conteneurs en provenance de Chine. Des marchandises qui ont été transportées d’Asie par le ferroviaire jusqu’au port allemand de Duisbourg, avant d’être acheminées par voie fluviale au terminal de Valenciennes. Un trajet devenu possible grâce à l’avancée de l’élargissement du canal Seine-Nord Europe.
Par ailleurs, Contargo est l’un des plus grands réseaux logistiques d’Europe avec un transport annuel de 2,2 millions d’EVP (Équivalent Vingt Pieds). Basée à Duisbourg, l’entreprise possède un puissant réseau de terminaux fluviaux. Un acteur au cœur de la nouvelle mécanique logistique centre-européenne mise en mouvement par la désignation du port de Duisbourg comme terminus du projet Road and Belt Initiative. Ce port est le plus grand terminal fluvial trimodal d’Europe, situé au confluent du Rhin et de la Ruhr.
En juillet 2012, le Syndicat Mixte Docks Seine Nord Europe/ Escaut est devenu le concessionnaire de 5 quais fluviaux de l’Escaut : quai de Valenciennes, quai de Bruay-sur-l’Escaut/ Saint-Saulve, quai de Rouvignies, quai de Denain et le quai de Bouchain. En 2017, Escaut Valenciennes Terminal était au 4e rang des ports français fluviaux ; c’est « un terminal public accueillant les opérateurs de transport combiné fluvial-route […] permettant toutes les connexions possibles depuis et vers les ports maritimes du Range Nord ». C’est l’entreprise Contargo qui a été missionnée par Dock Seine Nord Europe pour exploiter les terminaux.
Enfin, les eaux troubles des années 2020 et début 2021 auront causé l'envolée des taux de frets maritimes, la congestion des ports maritimes et de l’augmentation des importations de l’UE en provenance de Chine. Et surtout, avec la pénurie de conteneurs qui alourdit la facture des Européens, situation mise en exergue par le journal les Echos, la solution ferroviaire pourrait être de plus en plus plébiscitée. Malgré des prix plus élevés, il a l’avantage d’être deux fois plus rapide que le maritime, 16 à 20 jours contre 45 jours. Si un changement de paradigme devait s’opérer, cela faciliterait les projets chinois de nouvelles routes de la Soie, ainsi que la place du port allemand de Duisbourg comme carrefour européen.
Paco Martin
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