L’Arctique au cœur d’une nouvelle guerre froide ?

Huit nations riveraines à l’Arctique, dont les deux grandes puissances, les Etats-Unis et la Russie, se sont réunies les 19 et 20 mai 2021 à Reykjavik en Islande, pour le Sommet de l’Arctique. Une réunion sous le feu des tensions notamment entre les deux blocs, rappelant les débuts d’une guerre froide.

Les discussions portaient sur le réchauffement climatique et l’exploitation des ressources. Créé en 1996, le Conseil de l’Arctique, forum intergouvernemental qui prône la coopération régionale, promeut les aspects environnementaux économiques et sociaux du développement durable dans la région. Pourtant placée sous le signe de la pacification, des points de tensions sont apparus entre Moscou et Washington. Si le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a de son côté souhaité faire de l’Arctique, un enjeu géopolitique; la Russie, à la présidence de ce forum censé favoriser le dialogue, a rapidement montré les crocs. Les Etats-Unis, qui ne veulent pas militariser l'Arctique, ont pris au sérieux les propos russes. En effet, Sergueï Lavrov, ministre des Affaires Étrangères russes, avait déclaré le lundi 17 mai que l'Arctique était une zone d’influence légitime pour Moscou. Le tout, en dénonçant l’offensive occidentale dans la région via les actions de l’OTAN en Norvège. Ces propos font tout bonnement suite aux dires de Vladimir Poutine au sujet de la "route du Nord”. Un chantier dont le chef du Kremlin met la barre haute, devenue navigable “grâce” à la fonte des glaces avec “un volume annuel de 80 millions de tonnes transportées d'ici à 2025 (47 pour le gaz naturel, 23 pour le charbon, 5 pour le pétrole, 5 pour les produits industriels lourds)” ; des chiffres que mentionnent les Echos.

Renforçant ses positions, Vladimir Poutine assure que son pays dispose d’un plus grand nombre d’atouts et parce que plus de 80% du gaz naturel russe provient des régions de l’Arctique. Dans les projets russes, Nord Stream 2, gazoduc vers l’Europe est également à mentionner. Toujours selon Les Echos, Gazprom a prévu d’exploiter un nouveau gisement polaire, celui de Bovanenko avec “200 milliards de m3 par an. Avec 90 % du nickel, 90 % du cobalt, 60 % du cuivre, 95 % des platines, 100 % des concentrés de baryte et d'apatite”, la Russie assure sa mainmise sur Arctique.

L’Arctique est devenu une zone de fortes tensions géopolitiques avec des manœuvres militaires jamais vues depuis la fin de la guerre Froide. Les tensions ne sont pas près de s’apaiser, surtout avec l’administration américaine dont le nouveau président avait qualifié son homologue de “tueur”. Pourtant, au cours du Sommet,  Washington a levé les sanctions sur le projet Nord Stream 2, marquant peut-être le début d’une nouvelle ère entre les deux blocs. Mais depuis ces dernières années, la Russie continue de s’affirmer sur la scène internationale et accroît son dispositif militaire dans la région. Une façon de tourner le dos à l’Occident pour assouvir enfin, seule, sa soif de puissance. 

 

Carla Lepers

 

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