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Les prémices de la future stratégie nationale portuaire

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé ce 22 janvier 2021 les contours de la stratégie nationale portuaire. Elle est censée marquer les débuts de la reconquête des marchés français face aux ports compétiteurs nords européens.

“Le XXIe siècle sera maritime” : un peu plus d’un an après cette déclaration du Président de la République française, a eu lieu le 22 janvier 2021 au Havre le comité interministériel de la mer (CIMer) où les principaux acteurs portuaires étaient présents, notamment le maire du Havre et ex-Premier ministre Édouard Philippe et l’actuel Premier ministre Jean Castex. Le CIMer est un comité créé en 1978 et institué en 1995 par décret pour coordonner la politique maritime française et est « un outil interministériel de décision, chargé de délibérer sur la politique du Gouvernement dans le domaine de la mer sous ses divers aspects, nationaux et internationaux, et de fixer ses orientations sur le temps long ».

C’est dans ce contexte que le Premier ministre Jean Castex a dessiné les contours partiels de la stratégie nationale portuaire. Elle a pour objectifs de permettre aux ports français de se développer de façon durable et de regagner des parts de marchés, notamment sur les voisins belges et néerlandais. Des ambitions qui devraient s’appuyer sur une relance de la filière portuaire à hauteur de 650 millions d’euros. Ce budget devrait servir à répondre à des défis de développement, de biodiversité, de formation des métiers de la mer, de modernisation des infrastructures, et enfin, de recherche scientifique. L’un des autres piliers de cette stratégie est la fusion des trois ports de l’axe Seine (Le Havre, Rouen et Paris ou HAROPA) le 1er juin 2021. Un projet qui devrait être accompagné d’investissements devant se porter à 1,45 milliard d’euros pour la période 2020-2027. Cette reconquête s’inscrit dans l’esprit de la cartographie de Paul Tourret pour l’Institut Supérieur d’Économie Maritime Nantes – Saint-Nazaire (ISEMAR), qui indique que les Régions du Nord, d’Île-de-France, de Lyon Bourgogne Franche-Comté, et surtout du Grand Est sont des hinterlands à reconquérir.  

Une discussion sur la fiscalité des ports afin de rendre plus attractif les zones industrialo-portuaires a été lancée, faisant écho avec le rapport Colrat de 2018 sur la transformation du modèle économique des grands ports maritimes de l’Inspection Générale des Finances, ainsi qu’avec celui de 2020 de l’ancien sénateur Michel Vaspart sur la gouvernance et à la performance des ports maritimes. Le lancement de ce sujet s’amorce dans un contexte de Brexit, les dirigeants anglais ayant décidé de miser surles ports francs. Dans le même temps, ce thème va à l’encontre de la volonté de l’Union européenne « d’harmoniser » la fiscalité portuaire des États membres.

Toutefois, les annonces du 22 janvier ne répondent pas à tous les enjeux soulevés par les nombreux rapports des dernières années. Bien que le projet HAROPA des ports de Seine semble sur la bonne voie, aucune réponse n’a été apportée aux interrogations suscitées par le canal Seine-Nord. Michel Vaspart dans son rapport mettait en garde contre un risque de court-circuitage de la Seine au profit d’un axe Paris-Anvers. Certes l’État semble prêt à se saisir de la question portuaire, mais ils subsistent d’énormes défis à relever notamment liés à la gouvernance des ports, à la coopération publique et privée, au développement fluvial, mais surtout, à la coordination et coopération des ports d’HAROPA, de Dunkerque et de Marseille-Fos.

 

Paco Martin

 

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