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La boussole stratégique, l’indicateur attendu sur les enjeux sécuritaires pour l’Union Européenne

Le terme de boussole stratégique n’est pas inconnu puisque le sujet est sur la table depuis son évocation en 2020. Pourtant, de récentes évolutions en font l’un des sujets principaux des discussions au sein des États membres de l’Union Européenne (UE) face aux rapports de force qui s’installent avec les autres grandes puissances.

Depuis le communiqué du ministère des Armées du 23 avril 2021 sur le séminaire concernant la boussole stratégique, le projet semble en voie d’accélération. Ce «livre blanc» qui doit définir l’orientation stratégique de sécurité et de Défense de l’UE entre dans une nouvelle phase. Ce projet est à l’initiative du moteur européen allemand, qui en a fait un objectif en juillet 2020. Cette ligne stratégique doit, selon le communiqué, être mise en application en 2022 au moment de la présidence française du Conseil de l’UE.

L’annonce informe de la prise de conscience des pays européens des enjeux sécuritaires, chose qui ne se limite pas à la politique de Défense comme le démontre le cas du programme Horizon Europe, preuve que les organes décideurs apprennent de leurs erreurs sur le projet Gaia X.  L’UE est sortie de l’échiquier géopolitique depuis la bipolarisation du monde entre la Chine et les USA. Ce constat difficile est à mettre en lien avec les déclarations de Josep Borrell qui a avoué l’impuissance actuelle de l’UE face à la propagande chinoise. Pour remédier à cela, l'Europe se focalise sur la production de l’attendue «boussole stratégique» qui doit définir les grandes orientations en matière de sécurité et de Défense. 

Alors que l’Union Européenne cherche à renforcer sa capacité d'autodétermination, paradoxalement la ministre des Armées Florence Parly « a mis en avant la nécessité de revitaliser la coopération avec les partenaires traditionnels, en particulier avec l’OTAN, les États-Unis ». Cette continuité de la tentation atlantiste est particulièrement bien exprimée par le président du Conseil européen, Charles Michel : "Une UE plus forte, c’est une alliance transatlantique plus forte".

En outre, de multiples projets de régulations démontrent que la sécurité est devenue le mot d’ordre des États membres. L’arsenal législatif s’est renforcé via notamment la responsabilisation des géants de la tech américaine, la protection des enjeux stratégiques par le choix des membres dans les domaines sensibles comme Horizon Europe, que certains nomment par son domaine de compétence « l'enjeu du siècle » ou enfin la volonté de concrétisation jusque-là jamais aboutie d’autonomie militaire.

Malgré tout, un doute subsiste sur cette dernière puisque l’Histoire de l’UE a pour l’instant démontré l’inefficacité et/ou l’impossibilité d’une telle politique ; Que ce soit en 1954 avec l’échec de la Communauté européenne de défense ou dernièrement par l’absence d’efficacité de la Coopération structurée permanente, qui comme le rappelle le groupe de réflexion Mars n'a ”pas encore démontré son utilité, trois ans après son lancement officiel,  faute de mécanisme d'arbitrage et de sanction”. Les prochains mois seront donc décisifs pour démontrer les capacités de l'UE à ne pas rester simplement un marché intérieur réglementé. La boussole stratégique sera, soit le premier rendez-vous réussi d’une Europe de la Défense soit peut-être le dernier.

 

Pierre Coste

 

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